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XO3 FEMMES

XO3 femmes est une création originale qui réunit les œuvres de trois femmes artistes, à l’issue de leur immersion en territoire cognaçais au printemps 2013. 
Accueillies en résidence par la ville de Cognac, Caty Banneville, Laurence Innocenti & Marie-Céline Nevoux-Valognes livrent une série d’instantanés de leur perception artistique. 

Leurs regards se sont posés sur le terroir, la ville, les industries du cognac ou liées au cognac ; leurs questionnements se sont portés sur la place de l’humain au cœur de la cité des eaux-de-vie. 

Leurs interprétations respectives, résolument contemporaines, invitent les visiteurs à pénétrer au cœur d’une dimension invisible à l'œil nu.

 

Dates 28/11/2013 - 26/01/2014

Art contemporain

Période XXIe siècle

Site officiel Musée d’art et d’histoire de Cognac 

XO3 FEMMES

J'ai égaré les mots que j'avais écrits, dans la ville où j'étais partie.
Cela faisait bien longtemps que je ne m'étais éloignée de la maison.
Je me suis retrouvée dans la ville blanche.
Je me suis retrouvée dans la ville noire.


J'ai vu la femme face au mur des lamentations.
J'ai vu la femme sous l'arbre blanc.
Le cerisier, plus tard je l'ai percé à chaque cœur de fleur.


Au début c'était moi à la fin c'était elle.
Je m'étais laissée aller.

Je marchais dans les rues comme ça, sans aller quelque par.

Me retrouvais à regarder le moindre caillou, non pas par ennui, par envie.

Je suis toujours collée aux choses, comme si je regardais pour la première fois.
Tout est forme, tout est couleur, peinture, sculpture.
Je ne touche pas je m'approche juste.


Aujourd'hui je me sens libre, ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti cette sensation, car je viens de perdre mon tout petit enfant.

J'écoute même les gens parler dans la rue et je souris.


Je les photographie en cachette, de haut pour ne pas les effrayer.
Je photographie la petite fenêtre en face de l'appartement, le jour, la nuit.

Je n'ai pas vu la personne qui y habite.

Je l'imagine presque.

Un autre rendez-vous aussi, le passage du pharmacien, chaque soir à la
même heure il passe, il passe devant la femme qui, immobile l'attend aussi. 
Il ne la voit pas.

Elle est sans parole.

Ne peut l'aborder, la réserve sans doute.

Le droit de dire, le droit de ne plus attendre.

Comme les femmes qui attendent les époux fatigués sortis de l'usine ou je n'ai pas eu le droit de faire mes photos.

Ici dans la ville blanche les secrets sont bien gardés.


Le métal, le bleu, le feu, les cercles rouges, les lignes jaunes, les plaques assemblées je les ai retrouvés un peu plus tard chez le bel homme qui travaille la terre.

Je sens son envie, sa fatigue, son corps est mince, musclé presque sec, sa peau est brulée par le soleil.

Il soulève les sacs, veille, coupe, plante, sème, récolte et veille toute la nuit durant le liquide si précieux.

La femme le regarde.


Les murs sont recouverts, ils sont noirs.
La part des anges.

La part des anges de tous les anges.
Mon enfant est dans le carré, j'y pense souvent, mais ici j'ai une autre impression.

Une sensation nouvelle, d'étirement, de soulèvement, est-ce l'évaporation ?

Se dire que ce qui flotte est bien existant.

Comme aspiré vers le haut, comme moi là à cet instant.
Je marche, je marche et je suis libre.
Se dire que l'air bon, l'air est pur, je me réveille enfin.

A propos de la photo du Cerisier

15 cerisier © Marie-Céline Nevoux-Valognes

J'ai vu la femme sous l'arbre blanc.


Le cerisier je l’ai photographié, plus tard je l'ai percé à chaque cœur de fleur.


Une série d’aiguilles, chacune différente.


Je perce chaque cœur, doucement tranquillement.

Je mets des heures pour approfondir le noir des cœurs.

 

J’obtiens alors un volume profond dans mon image.


Je retrouve ainsi le geste artisanal dans la photographie numérique.


Les formats sont variables selon le désir du commanditaire, ils ont grands ou petits.


Intime ou étendu, le cerisier blanc illumine l’espace.

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